Que signifie concrètement la quête de sens au travail ? Est-elle une réponse aux crises sociétales et écologiques, à un besoin de se sentir utile aux autres ou à transformer le monde ? Qu’attendent les actifs de leur employeur pour y répondre ? L’étude de la Chaire Impact Positif d’Audencia en collaboration avec jobs_that_makesense permet de mieux cerner les attentes, les moteurs des actifs et de ceux qui ont déjà entamé une transition professionnelle, mais aussi les freins qui empêchent parfois d’aller jusque-là pour assouvir sa quête de sens.
Définir le sens au travail : une quête quasi unanime et liée à la responsabilité sociale et environnementale
La notion de quête de sens au travail est constamment utilisée, et de façon amplifiée par la crise sanitaire. Une étude réalisée par Factorial avec l’institut OpinionWay révélait en octobre dernier que 33% des Français déclaraient avoir perdu tout sens en leur activité professionnelle depuis le début de la crise*. L’étude Audencia X jobs_that_makesense confirme que le sens au travail est une préoccupation pour 92% des répondants :
- 50% se posent des questions
- 42% ont même déjà entrepris une transition professionnelle
Mais qu’entendent-ils exactement quand ils affirment ainsi être en « quête de sens » ?
- La signification la plus citée est la volonté de « contribuer aux enjeux de la transition écologique et/ou sociale » (pour 57% des répondants),
- suivie par le besoin de « se sentir utile » (53% des répondants).
- Le troisième sens concerne à nouveau la dimension responsable : « appartenir à une organisation à impact positif sur la société et/ou la planète (Economie Sociale et Solidaire, RSE) (42% des répondants).
- On ne retrouve que pour 37% des répondants le besoin de « concilier vie professionnelle et vie personnelle ».
Interrogés sur les éléments déclencheurs de leur quête de sens :
- 81% des répondants citent « le besoin de cohérence avec leurs valeurs et convictions personnelles ».
- Plus les répondants avancent dans leur carrière et vieillissent, plus le « désaccord avec les pratiques managériales » pèse comme un élément moteur de leur quête de sens : alors que 38% le citent tous âges confondus, le chiffre monte à 44% pour les 35-44 ans et jusqu’à 56% pour les 45 ans et plus.
La quête de sens semble donc faire écho à une prise de conscience plus globale des grands enjeux planétaires et une volonté collective de passage à l’action, mis en exergue à travers la crise sanitaire, et qui résonne après le cri d’alerte des experts du GIEC à l’été 2021 dans leur dernier rapport, ou encore la COP 26 de novembre, considérée majoritairement comme un échec des leaders mondiaux à s’accorder sur un pacte très éloigné des ambitions initiales. Il n’est donc pas surprenant que l’étude montre que les répondants qui travaillent dans le secteur associatif, dans l’ESS ou dans une entreprise engagée en RSE, aient moins tendance à se poser de questions concernant la quête de sens au travail, considérant davantage l’avoir trouvé que les actifs des autres secteurs.
La transition professionnelle : des solutions variées en réponse à la crise du sens
Parmi les 42% de répondants ayant entamé une transition professionnelle, on constate que pour 8 sur 10, elle passe par un changement d’organisation car :
- 40% sont allés jusqu’à la reconversion, en entamant une formation puis en changeant de structure pour exercer un nouveau métier. Ce choix de la reconversion est plus fréquent chez les 35-44 ans (60%).
- 23% ont changé d’organisation. Cette solution à la quête de sens est également plus présente chez les jeunes (50% des 18-24 ans).
- Mais la quête de sens peut aussi être satisfaite au sein de la même organisation : 18% ont « simplement » changé de poste (sans formation préalable).
- Enfin, pour 18%, la transition professionnelle a pris la forme du lancement dans l’aventure entrepreneuriale.
97% des répondants sont satisfaits de leur transition professionnelle, même si pour 58% d’entre eux, cette satisfaction va de pair avec une remise en question qui persiste, probablement parce que la notion de sens au travail est plus primordiale pour eux et guide davantage leurs choix tout au long de leur carrière.
Le cap de la transition professionnelle freiné par la dimension économique
Pour ceux qui n’ont pas encore sauté le pas de la transition professionnelle, les freins sont principalement financiers :
- la perte potentielle de revenu (pour 52% des répondants)
- mais aussi le coût lié à la transition professionnelle (inactivité, financement de la formation) (pour 39% des répondants)
- 3 répondants sur 10 estiment aussi avoir un besoin d’accompagnement dans la démarche
- 29% estiment manquer de compétences ou d’expérience professionnelle
- Enfin, 27% sont freinés par la peur du changement
Des clés d’action pour les entreprises afin de retenir leurs talents
- Le critère principal du choix de l’emploi actuel reste l’intérêt pour la mission, cité à 71%. Une dimension indispensable en début de carrière (91% des 18-24 ans).
- On retrouve ensuite l’impact positif sur la société et/ou la planète pour 54% des répondants. Davantage sensibilisés à ces questions dès leur jeune âge, les 18-24 ans sont même 66% à mentionner ce critère.
- Naturellement, l’acquisition de compétences est plus recherchée en début de carrière (63% des 18-24 ans contre 48% des répondants)
A contrario, la situation géographique (33%) et le niveau de rémunération (23%) sont des critères secondaires, même pour les plus jeunes générations.
Si la transition professionnelle passe principalement par un changement d’organisation, en revanche, 62 % des répondants à l’enquête jugent qu’il n’est pas nécessaire de changer de structure pour trouver du sens. En effet, ils sont aussi 58% à considérer que le sens dépend plutôt du métier exercé. Pour autant, 45% des répondants pensent que le sens au travail ne peut se trouver que dans des organisations engagées (impact positif / RSE, ESS, association).
Ainsi, les répondants attendent des entreprises les trois actions prioritaires suivantes pour faciliter le sens au travail :
- Renforcer leur impact positif sur la société et/ou la planète (58% des répondants, et 65% des 18-24 ans)
- Etre exemplaires par rapport à leurs engagements (38% des répondants, et les 45 ans et plus, davantage regardants vis-à-vis de la gouvernance de leur entreprise, citent ce critère à 46%))
- Permettre une flexibilité du temps de travail pour 36% des répondants. Un critère probablement impacté par de nouvelles habitudes de travail depuis la crise Covid-19, et davantage cité par les 25-34 ans (44%), qui ont à cœur de maintenir également un bon équilibre vie professionnelle – vie personnelle à un âge qui rime souvent avec la parentalité et la gestion d’enfants jeunes.
L’enquête a été réalisée via un questionnaire en ligne administré en décembre 2021, via le site de jobs_that_makesense, les réseaux sociaux, et envoyé par mail aux communautés Audencia/JTMS. 957 personnes y ont répondu :
- 93% d’actifs (salariés, entrepreneurs ou en recherche d’emploi) et 7% d’étudiants
- 7 répondants sur 10 (71%) ont entre 25 et 44 ans.
- 81% sont des femmes.
- 92% ont au moins un bac+3 (92%) et les ¾ des répondants ont un bac+5 et plus.
- 58% sont des cadres.
- 48% des répondants travaillent dans une organisation du secteur associatif, de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire), ou qu’ils considèrent comme fortement engagée en RSE
Une étude qualitative publiée à l’automne 2022 viendra compléter cette enquête quantitative.
La notion de sens au travail est très utilisée, et beaucoup d’études s’interrogent sur les facteurs de motivation et le rapport au travail, mais nous souhaitions réaliser une étude avec jobs_that_makesense qui permette de lever le voile sur ce que les répondants entendent vraiment par la quête de sens. Elle a permis de confirmer le lien de plus en plus fort avec la notion d’impact positif des entreprises sur les enjeux de la transition écologique et sociale et permet aux employeurs de mieux cerner les attentes de leurs salariés. »
André Sobczak, Co-Titulaire de la Chaire Impact Positif d’Audencia
Grâce à cette étude menée avec la Chaire Impact Positif d'Audencia, nous comprenons mieux ce que chaque individu met derrière la notion de sens, et les principaux freins à lever pour favoriser cette transition professionnelle vers des métiers compatibles avec la transition écologique et sociétale. Cela nous conforte dans notre mission d'accompagner tous ceux qui souhaitent donner plus de sens à leur travail, en leur proposant des emplois à impact, des formations pour faire le point et se reconvertir, et des contenus pour les guider dans leur transition. »
Fabien Sécherre, responsable marketing et partenariat chez jobs_that_makesense
Cliquez ici pour lire le rapport d'étude complet.
À propos de jobs_that_makesense
jobs_that_makesense est une initiative de l'association makesense pour promouvoir l'emploi à impact positif. Depuis 2014, la plateforme réuni tous ceux qui veulent mettre leur vie professionnelle au service d’une société inclusive et durable : entrepreneurs passionnés, acteurs engagés de l’économie sociale et solidaire, organismes de formation pour les métiers de demain et candidats talentueux en quête de sens. La plateforme regroupe des offres d'emploi, des formations et des contenus pour aider à orienter sa carrière vers la transition écologique et sociétale. Avec près de 500 000 visiteurs uniques en 2021, plus de 2 000 recruteurs inscrits et des dizaines de formations référencées, le site est aujourd’hui la référence de l’emploi à impact positif.
À propos d’Audencia
Fondée en 1900, Audencia se positionne parmi les meilleures écoles de management européennes. Elle est accréditée EQUIS, AACSB et AMBA. Première Ecole de Management en France à adhérer à l’initiative Global Compact des Nations Unies, également signataire de leurs Principles of Responsible Management Education, Audencia s’est très tôt engagée à former et accompagner des managers innovants et responsables, dotés de compétences hybrides, qui contribuent positivement aux grands enjeux auxquels nos organisations, nos sociétés et notre planète, sont confrontées. Audencia a également créé Gaïa, la toute première école au sein d’une business school dédiée à la transition écologique et sociale. En co-création avec ses parties prenantes, Audencia produit et diffuse des connaissances qui ont un impact sur la littérature scientifique, le contenu de ses formations, les pratiques des entreprises et la société dans son ensemble. Elle contribue ainsi aux trois défis majeurs suivants : la création et l’utilisation de technologies et d’information responsables, la définition et l’adoption d’approches managériales favorisant des organisations et des sociétés inclusives et la conception et la mise en œuvre de modèles d’affaires et de développements soutenables. Audencia propose des programmes en management et en communication allant du bachelor au doctorat. Elle a signé des accords avec 212 institutions académiques à l’étranger, et plus de 180 entreprises nationales et internationales. Elle accueille plus de 6100 étudiants, dispose d’un corps professoral de 148 enseignants-chercheurs et d’un réseau de plus de 30 000 diplômés. Pour en savoir plus, consultez le site Internet : www.audencia.com et suivez-nous sur les réseaux sociaux : Twitter @audencia.
À propos de la Chaire Impact Positif
La Chaire Impact Positif d’Audencia a été créée en 2012. En co-construisant des recherches utiles avec ses partenaires, elle produit et diffuse des connaissances permettant d’intégrer les principes de la responsabilité sociétale au cœur des modèles économiques, des stratégies et des pratiques de management des entreprises, afin de renforcer la performance des entreprises et leur capacité à innover. La Chaire Impact Positif anime également des séminaires ou formations et crée des outils opérationnels pour accompagner les entreprises dans l’amélioration continue de leur démarche RSE, notamment en proposant des comparaisons nationales et internationales ou en favorisant l’échange avec d’autres parties prenantes. Retrouvez la Chaire Impact Positif sur impact-positif.audencia.com.
*Étude réalisée en octobre 2021 par l’institut OpinionWay pour la start-up espagnole Factorial, auprès de 1051 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus.